Chambre des dentelles
Avec des pièces inédites, acquises récemment ou sorties spécialement des réserves, plongez dans l’histoire exceptionnelle de la dentelle de Bruxelles. Une étoffe aujourd’hui disparue.
La dentelle est un textile ajouré créé à l’aide d’une aiguille ou de fuseaux. Les motifs sont reliés entre eux par un fond de brides ou de mailles. Elle est d’abord réalisée à la main avant d’être mécanisée. Les dentelles se distinguent par leurs techniques, leurs matières, leurs motifs, leurs couleurs, … Le plus souvent, c’est le lieu de production original qui les identifie : Bruxelles, Malines, Valenciennes, Bruges …
La dentelle de Bruxelles acquiert une renommée internationale au fil des siècles. Sa finesse, sa qualité et sa beauté en font l’étoffe des élites dès le 17e siècle. Portée jusque dans les plus grandes cours européennes, elle rehausse les tenues des hommes et des femmes sans distinction.
Un savoir-faire remarquable : l’application
L’application est l’une des formes que prend la dentelle de Bruxelles au 19e siècle. Les dentellières réalisent des motifs floraux aux fuseaux et/ou à l’aiguille. Elles les appliquent ensuite sur un fond de tulle mécanique. Les motifs sont soit cousus soit collés. L’application permet ainsi la réalisation d’ouvrages de grandes dimensions tels que les châles. Des pièces particulièrement appréciées sous le second Empire.
En ce moment, le Musée Mode & Dentelle vous propose de découvrir deux pièces historiques d’exception dont un châle triangulaire.
Toujours au 19 e siècle, la dentelle se démocratise également. Elle se répand grâce à la mécanisation. Les prix de l’étoffe baissent. La dentelle envahit alors tout le costume féminin. De remarquables pièces atteignent des dimensions inédites, la dentelle devient vêtement. Cette mécanisation signe la fin de la fabrication à la main. La dentelle de Bruxelles disparaît avec la Première Guerre mondiale.
Un aperçu des collections de dentelles du musée
Les dentelles du musée font partie intégrante du patrimoine bruxellois. Plusieurs pièces exposées sont versées à l’inventaire du patrimoine mobilier de la Région de Bruxelles-Capitale. Découvrez un exemple de mouchoir présentant un décor typique de style Napoléon III dont les bords festonnés sont composés d’une alternance de feuilles et de fleurs.
Chambre des dentelles © Emilie Gomez
La dentelle contemporaine
Aujourd’hui, de nombreux créateurs et artistes utilisent la dentelle.
Depuis plus de 30 ans, la Maison Carine Gilson allie délicatesse de la dentelle, légèreté de la soie, finesse des motifs et savoir-faire couture. Dans ses ateliers bruxellois, la créatrice porte l’incrustation de dentelle au rang de métier d’art. Elle nous fait l’honneur d’être la marraine de la Chambre des dentelles. Régulièrement, le musée expose une pièce de ses collections.
Découvrez en ce moment, cet ensemble kimono et slip dress, automne-hiver 21-22. Les motifs de dentelles sont découpés et rebrodés sur un tulle dont la finesse mène à la transparence. La dentelle semble tatouer le corps. En savoir plus
C.Gilson, Ensemble kimono et slip dress, Printemps-été 2022 © Stephane Borremans
A voir dans la Chambre des Dentelles
Ce châle triangulaire date de 1879-1890 mesure 143 cm sur 290. Un bel exemple d’application !
Son riche décor floral de style naturaliste se compose de neuf bouquets. Le réalisme et la précision du dessin permettent de reconnaître des dahlias, fuchsias, pavots, campanules, et feuilles lancéolées. Les bouquets sont surmontés d’une guirlande légère, de rinceaux fleuris. Ces éléments sont placés sur un fond parsemé de pois. L’encadrement présente des rocailles ajourées à effets de trompe-l’œil avec des petits médaillons contenant des bouquets stylisés. Enfin, la bordure festonnée est composée de feuilles de marronniers, boules de neige et dahlias.
Le décor des grandes pièces en application est souvent emphatique et très chargé. Lorsque la réalisation est fine et délicate, la grande variété des points et la maitrise des contrastes allègent l’ensemble. Une marque de fabrique d’une pièce de qualité et d’un savoir-faire bruxellois. Seuls des clients fortunés pouvaient s’offrir ce genre de châles.
Et pour les détails de l’œuvre elle-même, sa fiche d’inventaire est disponible ici
Châle, entre 1870 et 1890 © Y.Peeters/ Musée Mode & Dentelle


Chambre des Dentelles © A.Anoni